A l'heure de la résilience et de l'autonomie, la dépendance aux réseaux informatiques est un point faible.
Des zones entières peuvent se retrouver soudain déconnectées volontairement ou pas, laissant la population locale désemparée. Nous sommes habitués à communiquer de plus en plus "loin de nous", loin de notre entourage proche, physique, à travers des outils que nous ne maîtrisons pas. La société s'individualise, nous adoptons l'anonymat comme référent, la communication de masse comme outil. Peu à peu les liens proches se desserrent, l'esprit de solidarité se délite, la culture de l'action s'efface.
Et pourtant une technique très simple et efficace perdure à travers les époques: le bouche-à-oreilles !
Outil irremplaçable de l'action directe, le bouche-à-oreille permet de s'affranchir de toute technologie et rapproche les personnes. S'assurer de bien rester en contact avec notre entourage proche, de maintenir une culture d'entraide et d'action commune est la meilleur clé pour une société locale résiliente et autonome.
Les réseaux pacifistes et d'action directe utilisent la méthode de type "Panurge 1-30" notamment pour la mobilisation citoyenne lors d'actions physiques locales. Par exemple, les "dîners en blanc" à Paris, les flashmobs, les révolutions douces qui ont eu lieu en Serbie, Ukraine ou Géorgie
Le principe est simple et reprend l'allégorie des "moutons de Panurge" en lui donnant une tournure inattendue. Un mouton va pouvoir entraîner par son mouvement les moutons qui lui sont immédiatement proches. Ces derniers, en adoptant le mouvement initial vont pouvoir à leur tour mettre en mouvement les moutons qui leur sont proches. Et ainsi de suite jusqu'à réveiller la puissance d'une foule immense animée par une volonté commune limpide.
De manière naturelle, incontrôlable, insaisissable, les citoyens peuvent ainsi déclencher et coordonner des actions pacifistes de masse. Le réseau est vivant et dynamique, basé sur le contact direct. Les groupes sont autonomes, les contacts protégés. On ne communique pas les noms des contacts au dessus ou en dessous, chacun est responsable de construire et animer son groupe en toute discrétion. Tout le monde à le même rôle et peut reprendre la technique à son compte pour organiser le soutien à son action locale.
Par exemple les diners en blancs à Paris fonctionnent avec des groupes Panurge 1-30. Pour schématiser, la tête de réseau envoie un première de message à son groupe de 30 amis. Chaque personnes qui reçoit envoie à son tour un message à son groupe de 30 amis qui continuent a chaîne.
Les manières de contacter son groupe sont libres, du moment que l'on prend soin des personnes et de transmettre l'information. SMS, téléphone, oral, radio, pigeon voyageur ... tout ce que vous voulez, chacun selon sa volonté.
On l'utilise pour renforcer ses cercles proches en choisissant un certain nombre de personnes dans notre entourage avec qui on a envie de se lier plus profondément par l'action. Le nombre étant limité, on a le temps de prendre soin de chaque personnes et d'établir une bonne confiance en même temps que le plaisir de voir se matérialiser les changements provoqués par nos actions.
C'est une taille de relation "intime" qui permet de se lier profondément et à long terme car on a le temps de connaître chaque personne, ce qu'elle pense, ses motivations profondes etc... Chacun peut se réapproprier sa volonté d'action directe en renforçant son entourage proche. Cela aide à combattre les effets individualisant de la société et rétablir une culture d'entraide directe et de solidarité organisée
L'effet fractal de diffusion de l'information est fort. La taille d'un groupe de 30 personnes reste gérable pour garantir que ce sont des personnes qu'on connaît et en qui nous avons confiance.