L'art participatif est une approche artistique qui implique activement les participants dans le processus de création ou de réalisation de l'œuvre. Ce n’est plus nécessairement un objet qui est l’essence de la co-création, mais une expérience, un processus d’intelligence collective, un moment partagé, un phénomène social qui s’en détache.

L'art participatif peut aborder des questions sociales, politiques, ou communautaires en impliquant des personnes de différents horizons et en utilisant l'art comme moyen de dialogue et de réflexion collective.

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Au sens anagogique, par le dialogue et les connexions entre les individus qui se réalisent pour co-créer des œuvres, les participants interagissent, échangent des idées et contribuent de manière dynamique à l'œuvre, formant ainsi un réseau d'information pour l’apprentissage social et collaboratif. Ces choix de posture adoptés par nos projets d’expérimentation sociétale (HM, PeV, Sillon,) trouvent écho dans certaines théories modernes de l’éducation telles le cybernétisme ou plus récent encore le connectivisme du MIT. Nous nous inscrivons résolument dans les traditions anciennes d’éducation populaire qui trouvent leurs origines à la source de l’apparition des échanges de savoirs dans une société locale organisée, et voient leurs échos portés jusqu’à aujourd’hui dans les théories de l‘éducation les plus modernes basées sur une intelligence collective décentralisée.

L’approche anagogique que nous explorons s’inscrit la lignée des travaux universitaires qui étudient la complexité des rouages de nos processus collectifs avec des domaines tels que la pragmatique-sémantique, l’anthropologie structurale au sens holiste de Levi-Strauss ou encore le cognitivisme qui soulignent encore plus clairement la puissance de la subtilité de ces processus. Bien utilisés, il peuvent nous libérer des approches trop centralisées et des œillères trop grandes d’une société normalisée par un productivisme capitalistique exacerbé par l’ultra-spéculation. Dans l’exemple de la pragmatique-sémantique, la sémantique étudie la signification des unités linguistiques indépendamment du contexte dans lequel elles sont utilisées. Elle se concentre sur le sens des mots, des phrases et des textes. La pragmatique examine comment le contexte et les situations spécifiques influencent le sens des expressions linguistiques. Elle s'intéresse à la façon dont le sens est modifié par les interactions sociales, les intentions des locuteurs et les contextes particuliers. A la rencontre du signifiant et du signifié à travers le jeu des miroirs et les dialogues multiples qui en découlent, on peut postuler que les savoirs sont présents intrinsèquement dans le groupe, et que la manière de ré-envisager la libération des processus éducatifs permet à la connaissance d'émerger des participants et se structurer par l’adoption d’une culture locale commune qui maintient un prisme élargi de référence.

Toute personne participante devenant contributrice de par sa simple présence à travers les processus collectifs, l’approche par l’art participatif permet de renforcer les liens communautaires, favoriser l'inclusion, et donner une voix aux individus qui pourraient ne pas être représentés dans les formes d'art plus traditionnelles. L'art participatif offre aux individus un moyen d'exprimer leurs idées, leurs émotions et leurs expériences personnelles, favorisant la confiance en soi et la reconnaissance de la diversité des perspectives.

Cela contraste avec la vision de l’art centrée sur l’artiste où l'art participatif ne serait là que pour transformer la relation entre l'artiste, l'œuvre, et le public, en mettant l'accent sur la collaboration et l'engagement actif. Dans notre posture, même si la pensée qui porte l’action s’inscrit dans l’art participatif, les artistes disparaissent eux-mêmes pour ne plus devenir que simples participants-contributeurs au même titre que les autres dans la réalisation de d’une oeuvre-expérience collective qui appartiendra à tout le monde. Tel l’anthropologue moderne reconnaissant sa subjectivité et devenant alors soi même sujet d’étude dans son étude, l’artiste s’efface pour devenir matière dans le processus de création de l’oeuvre collective.

On comprend évidement ici l’inspiration d’éduc pop. L'art participatif est un outil puissant pour expérimenter des processus d’auto-apprentissage inspirés de l’éducation populaire en favorisant l'engagement, la réflexion critique et la collaboration. La mise en situation des participants par exemple dans un décalage de réalité peut accueillir tous les cas de figures des relations sociales avec les dialogues, négociations, décisions qui s’en suivent.

L’apparition consciente d’une culture collective “légitime” vient renforcer la liberté individuelle et de groupe que peuvent avoir les individus dans cette sphère identifiée. En intégrant les démarches d’approfondissement des connaissances et des pratiques venant de l’educ pop, les apprentissages à travers l’art participatif se trouvent renforcés par les cas pratiques, études de cas, résolutions de problématiques, analyses de pratiques, synthèses et consolidation d’une culture locale choisie en pleine conscience et joie par les participants.

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Contextualisation des Savoirs et Flexibilité des Paradigmes. Reconnaître que les savoirs peuvent varier selon les contextes, mais que cette variabilité ne signifie pas que les savoirs sont dénués de valeur. Plutôt, il est crucial de comprendre dans quel contexte un savoir est valide et comment il peut être appliqué de manière contextuelle. De même, adopter une approche qui accepte la pluralité des paradigmes et des méthodes expérimentales comme complémentaires plutôt que concurrentes. Cela permet d’utiliser les forces de chaque approche pour enrichir la compréhension globale.

Relativité des Savoirs fait référence à l’idée que les connaissances ne sont pas absolues mais dépendent du contexte, des perspectives et des paradigmes à travers lesquels elles sont vues. Les savoirs peuvent varier en fonction des disciplines, des cultures, et des expériences collectives ou individuelles, par le croisement des regards, la reconnaissance et l’analyse de différentes expérimentations et observations dans divers contextes pour établir des relations et des schémas entre elles.

Approche intégrative par essence, la constitution des savoirs collectifs par le jeu des miroirs provoque une véritable “corrélation multiple” lorsqu’il y a convergence forte de résultats clairs issus de diverses expérimentations et peut mener à des conclusions robustes plus facilement généralisables. On peut créer des synthèses qui intègrent les résultats expérimentaux provenant de différentes disciplines pour construire des modèles plus complets et nuancés. Ainsi, on peut réconcilier la “relativité des savoirs” avec une réalité partagée grâce à la corrélation multiple des expérimentations, données et analyses. Ceci permet de garder la liberté de l’incertitude tout en faisant le moins d’erreurs possibles en adoptant un savoir commun.

Intervient alors la question de situer ce cadre libérateur local d’autoapprentissage dans un contexte plus large d’ouverture et de prudence afin de pacifier à la racine du mal les possibles conflits d’interêts collectifs entourage le référent extérieur de société comme garde fou de nos propres dérives conscientes ou inconscientes. La grenouille au fond du puit peut tourner longtemps à la recherche d’une porte de sortie au fond du puit, si toutes les autres grenouilles qu’elles y croise sont comme elle. Elle peuvent même se mettre à se suivre les unes les autres jusqu’à tourner en cercle indéfiniment en croyant avancer vers une sortie. Dans un contexte de société plus général, et même “d’Humanité” dans un monde globalisé, on peut dire qu’il y a certaines formes de conscience génerale ou de savoirs commun à l’humanité qui porte une certaine unité à travers le monde académique, scientifique. Si dans une société plus large existe une démarche similaire à l’apprentissage par l’auto-appropriation des connaissances ou de remise en cause des acquis afin de pousser plus loin l’exploration de notre inconnaissance, il est prudent d’adopter ces référents extérieurs comme référents “garde-fou” avec lesquels confronter les moments d’incertitude, de errance ou d’égarement dans les processus de reflexion d’un groupe autonomie. Choisir le miroir qui peut nous garantir le moins d’erreur en le suivant, selon ce que notre esprit critique a pu estimer, est un gage de bonne santé pour une communauté car elle fait déjà quelques pas conscient pour se protéger de ses pires écueils possible: nos propres dérives.

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